10 juil. 2006

Etape 18BIS – Soirée de Dolores - 2km – 25 litres de bières…….



… nous visitons Dolores. Au détour d’un carrefour se présente une brewery ; petit pub local fabriquant ses propres bières, tenu par de sympathiques Américaines aux tendances baba cool.
À peine installés à table, les pitchers de bière locale (pichets de 2,5 litres) s’enchainent. Nous ne voulons pas abuser car le lendemain c’est notre dernière étape pour Durango. Or, nous sommes bien décidés à être en forme pour la soirée finale. Pourtant...
Arrive le 5e pitcher, nous sommes chauds, nous enchainons les photos groupées. La serveuse ravie de voir de si bons vivants est impressionnée. « Je n’ai jamais vu des gens boire autant sans être soûls » nous dit-elle dans sa langue natale. Elle n’a encore rien vu la pauvre... Elle nous offre le 6e pitcher.
Là, nous découvrons enfin qu’une porte dérobée mène dans une cour où se déroule un concert. Il y a plein de monde. Pris dans l’ambiance, nous accélérons. Les pizzas et les bières s’enchainent maintenant à toute allure.
Orage : le groupe et ses nombreux clients se retrouvent tous à l’intérieur dans la petite salle. Ambiance pub irlandais maintenant. Il ne nous en faut pas plus... tout s’accélère.
Très peu de souvenirs à partir de ce moment. Mais voici nos derniers flashs :
- on se souvient d’avoir été les 5 stars françaises de la soirée car nos récits impressionnent par l'aspect sportif et pourtant nous buvons plus, dansons plus, et tenons plus l’alcool que les autres clients ;
- je me souviens d’avoir été sur scène en train de jouer de la country, guitare à la main devant une salle déchainée au possible. Les autres membres du groupe essayant de suivre tant bien que mal. Wandsel, Breton et François dansant comme des bêtes ;
- je me souviens qu’en sortant dehors pour vidanger mes litres de bières (hors des toilettes tel un bon Français), j'ai surpris Benat en train d’emballer (et même plus) Kate, une magnifique Américaine. Il a fait vite le bougre !! Va-t-il terminer l’étape ailleurs que dans sa tente ?
- on se souvient de François, accoudé au bar, parlant tellement bien l’anglais (pour 1 fois) avec les patronnes qu’il a reussi à négocier les clés du bar : « Les gars, c'est bon, on reste dans le pub à finir les fûts après la fermeture si on veut » ;
- on se souvient de Wandsel vidant le 10e et dernier pitcher directement dans sa bouche sans passer par le verre. « Un verre ? pour quoi faire ! » ;
- on se souvient de Breton qui a dit : « Les gars, ce soir, on ferme le bar. » Il était déchainé en train de danser de la new wave sur de la musique country, parlant en anglais avec tout le monde…y compris nous !
- je me souviens m’être fait une entorse à la cheville en sautant une barrière. Pourquoi ??? je ne sais toujours pas...
Bref, nous sommes rentrés aux tentes sans trop savoir comment, à 1 h du matin. Benat s’est perdu, François est allé le chercher. Il remontait le col direction Blanding...
Dans les duvets, des cadavres, tués par nos 25 litres de bières absorbés en 5 h. Dire que 2 jours auparavant, nous étions assoiffés...





Etape 18 – Blanding/Dolores – 140km, 700m de denivelés +



Départ du camping à 7 h. Breton est de nouveau à plat. Nous l’attendons devant nos pancakes. 2e fois qu’il crève, ça va lui couter cher en margaritas.
Le début de l’étape est une côte, Benat entend ses cuisses gémir, la journée va être longue. Nous payons nos 2 étapes précédentes.
Après 20 km, fini de la côte : début de la descente, François crève sur un tesson de bouteille. Décidément, il partagera la tournée de cocktails avec Breton !
11 h, Monticello, c’est l’heure de faire les courses (jambon, tortillas, tomates et fruits). Plus de beans en boîte, nous sommes écoeurés.
Nous repartons, la suite de l’étape est un long faux plat descendant qui nous mènera dans l’État du Colorado. Enfin !!
100 mètres après Monticello, nouvelle crevaison de François !! Après vérification, lors de sa première réparation, il avait oublié son démonte-pneu dans la jante. Ha ha !! Quelle honte, nous mettrons ça sur le compte de la fatigue…
Nous poursuivons la route, bruyante et peu intéressante (pour une fois), jusqu’au Colorado.
12 h, pause déjeuner à Cove Creek. Pique-nique dans un jardin public où j’en profite pour vivre avec mon père, par téléphone, les 5 dernières minutes du quart de final France/Brésil. C’est de la folie, il me transmet tout le stress des dernières minutes et avec mes cris de joie et mes yeux larmoyants, je passe pour un fou devant cette cabine téléphonique de station-service. Mais bon, ils ne comprennent rien au foot ici. D’ailleurs, la plupart ne connaissent même pas la coupe du monde…
Après une légère sieste, c’est le départ. Nouvel orage au loin. De nouveau, dopé par l’adrénaline à la vue des éclairs, je m’emballe et attaque les 50 derniers kilomètres à plus de 45 km/h. Après 2-3 km, je possède déjà 5 minutes d’avance sur les autres mais je continue le nez dans le guidon à donner un rythme infernal pour échapper à l’orage. Wandsel me rejoint et nous terminons à 2 à Lewis (km 120), petit village paumé de bord de route.
Nous entrons dans un café juste avant le déluge. Là, nous attendons 10 minutes le reste du peloton devant 1 litre de Coca. Quelle frayeur encore !!!
Ce village nous convient guère et nous décidons de pousser encore un peu vers Dolores, située sur les hauteurs et surtout à l’écart de cette grosse nationale peu intéressante.
C’est de nouveau un faux plat montant/côte de 20 km qui nous attend. Les visages se crispent et les muscles sont douloureux mais nous sommes devenus « inarrêtables » !!! Les efforts fournis lors de ma frayeur sous l’orage me font exploser dans les derniers kilomètres. Heureusement, Benat me sort une potion magique. Nous terminons ensemble à Dolores, petite ville de montagne, sympa. Sur un terrain herbeux (devant les propriétaires d’un camping), nous plantons la tente et partons découvrir la ville...







Etape 17 – Hite/Blanding – 129km, 1300m de denivelés +



Après une nuit mouvementée et surchauffée, les premières lueurs du jour nous réveillent. Nous sommes époustouflés par la beauté du paysage. Nous remplissons nos gourdes d’eau tiède dans nos fameux toilettes et dévorons les restes du repas d’hier. Pour une étape prévue de 130 km, c’est léger...
D’après la carte, nous pouvons nous ravitailler dans 50 km. Pourtant d’après le dernier ranger rencontré, l'ancien relais du Pony Express est fermé et donc il faut nous préparer à ne trouver ni eau, ni vivres jusqu’à Blanding (130 km de là).
Malgré la beauté de Glen Canyon, les 35 premiers kilomètres (de montée) se passent sans un mot. La chaleur est incroyable. Nous sommes le nez dans le guidon, concentrés et inquiets sur notre propre gestion de l’eau : environ 4 litres par personne dans nos gourdes. Nous savons pertinemment que cela ne suffira pas. Nos expériences montrent qu’on absorbe environ 10 litres par jour depuis le début du périple. L’heure est donc à l’inquiétude mais nous ne le montrons pas.
10 h 30, le relais annoncé se présente à l’horizon. Chacun de nous rêve en secret de voir cet oasis de fraîcheur ouvert.
Soudain, près de la porte, un mot magique apparaît en rouge. Des lettres éclatantes nous sautent aux yeux : O P E N.
C’est incroyable !!!! Nous oublions nos réserves et sprintons vers ce saloon paumé. Une femme seule, mais vraiment ce qu'on appelle SEULE à cet endroit de l’Utah nous accueille. Elle ne fait pas à manger mais ses frigos sont pleins de boissons. Miracle.
18 sodas, 4 cafés glacés, 3 Gatorades, 10 litres d’eau, 2 paquets de chips plus tard, nous sommes soulagés. Les frigos de la femme aussi d’ailleurs... Son chiffre d’affaires annuel est fait en 1 h. Thank you !
La fraicheur de l’endroit et la gentillesse de la patronne invitent à la détente. Nous prenons des aspirines pour faire baisser notre température (sûrement au-dessus de 38 depuis hier soir).
11 h 30, à contrecœur, nous devons repartir pour 80 km sans rien.
Notre route continue de remonter le canyon pour attendre 2200 m au niveau du Parc National Natural Bridge.
Au bord de la route soudain un panneau : « Milk Box mountain », soit la montagne de « la Boite à lait » en français. Il ne nous faut pas plus de 2 secondes pour comprendre pourquoi cette montagne s’appelle ainsi. Surtout en entendant Wandsel crier : « Les gars, on dirait le sein de Nadine.»
C’était vrai : cette montagne avait vraiment la forme d’un sein géant. Arrêt photos, rigolades, et nous repartons.
Soudain une goutte d'eau nous oblige à faire une pause salvatrice. Ça tombe bien, Breton souffre vraiment du dos. Nous en profitons pour prendre, à l’abri d’un arbre, notre unique repas du jour : 5 Figolus, 2 bananes, 3 chips à se partager à 5... Nous repartons le ventre plein (de vide), sûrs de finir la journée en défaillance terrible. Il faut en finir avec ce col !
Soudain l’orage redouble. Des éclairs déchirent le ciel devant nous. Effrayé, je roule maintenant à 25 km/h dans la montée. J’ai vraiment peur des éclairs qui déchirent le ciel... L’adrénaline me fait accélérer sans retenue. Croyant à une attaque, Wandsel prend ma roue (il n’est pas au courant de ma phobie d’être foudroyé).
Les derniers mètres se font à une allure folle, la bouche ouverte en grand pour happer le plus d’oxygène possible, le cœur tapant dans les tempes, nous franchissons le goulet qui fait office de col, sous un déluge de flotte. Pas le temps d’attendre les autres, dans la descente les compteurs s’affolent. Nous faisons des pointes à 96 km/h, à cette allure, la moindre faute est fatale. C’est incroyable, le guidon devient hypersensible, nous pensons tous à nos familles en France et mettons finalement les doigts sur les freins avec la chair de poule...
La fin d’étape qui se fait sous une chaleur étouffante n’est qu’une succession de « casse-pattes » qui nous entament le peu d’énergie qu'il nous reste.
17 h, au kilomètre 130, le camping de Blanding se présente. La fatigue se lit sur nos visages. Nous sommes vidés, déshydratés, fiévreux et j’en passe.
Après une récupération d’1 h (douche, tente, lessive), nous partons dévaliser un steakhouse.
Tous avons le sentiment que les 2 étapes passées ont été les plus dures du périple. Malgré la faim terrible, nous sommes rapidement écoeurés et il devient très difficile de finir nos assiettes tant la fatigue est grande. Décidément, les corps réagissent bizarrement dans ces cas d'usure extrême…
20 h 30, nous nous écroulons dans nos tentes.






Etape 16 – Torrey/Hite (Lac Powel) – 175km




Debout 6 h, rangement du camp et p’tit-déj dans un resto typique avec nos 2 amis : oatmeal et pancakes.
Les 40 premiers kilomètres se passent dans le Parc national de Capitol Reef : une route panoramique au fond d’un canyon aux rochers rouge intense. Décidément, l’Utah, c’est le pays du rouge.
Nous longeons le lit de la rivière, à sec, bien sûr. Des falaises nous surplombent. 50 km, nous arrivons à Lunar Desert. C’est comme le Sahara. Des dunes de sable et des roches asséchées par le vent et le soleil. Nous observons, par moment, des tourbillons de sable, sortes de tornades miniatures, créées par la chaleur. C’est impressionnant !
Globalement, en ce début d’étape, nous descendons. Un léger faux plat montant de 15 km et nous arrivons à Hanksville. Mi-étape, c’est la pause déjeuner après 85 km.
Nous faisons le plein d’eau et repartons, vaillamment, en direction du Lake Powell.
Le début est un faux plat montant avec vent de face. Les Grégarios (François et Benat) se mettent au travail et emmènent gentiment le peloton dans le désert. Des pickups tirant des bateaux immenses nous doublent ; ils se dirigent tous vers le Lake Powell et nous rêvons déjà de la baignade de l’année. D'ailleurs, la carte annonce un campground sur sa rive, sûrement avec un robinet d’eau fraîche...
130 km, nous descendons vers le lac en empruntant une route au fond d’un canyon. Vue splendide et défilé de roches rouges, les appareils photo crépitent.
18 h, le lac est en vue. Regard vers le compteur : 160 km ! La fatigue fait son œuvre, les gourdes sont quasi vides aussi. Nous avons vraiment hâte d’arriver au campground.
Là, grosse... mais très grosse désillusion : le campground n’a de campground que le nom. L’emplacement n’est qu’un terrain aride, sans eau, et notre plage de rêve n’est qu’un terrain boueux rempli de vase. Il faut dire que nous sommes à l’extrême nord du lac, à l’embouchure du canyon...
Bon, nous en avons vu d’autres, mais la situation est préoccupante : les gorges sont sèches et les langues collées au palais, on a roulé 7 heures…
La carte annonce un campement de rangers nommé Hite (sorte de Visitor Center) sur l’autre rive du lac. Il y a bien 10 bornes dont 7 de montée pour y accéder. Mais c’est un coup de poker à tenter si on veut trouver de l’eau.
Détail important : l’étape du lendemain prévoit de nouveau 100 km sans ravitaillement. Comment faire alors pour tenir jusqu’au lendemain soir sans cette eau si précieuse ???
La dernière côte de 7 km est épique. Nous les effectuons en zigzagant sur la route. Au ralenti, nous prions tous dans nos têtes pour que l’eau soit au rendez-vous. Une réflexion de Benat nous fait sourir : « C’est dans des moments pareils que nous ouvrons la boite à souvenirs. »
C’est vrai... nous souffrons et ne sommes pas sûrs de notre futur à ce moment.
Hite : nous trouvons des toilettes dans la cahute avec un robinet : Victoire.
Nous nous abreuvons comme des chameaux. Nous nous y lavons aussi. Quelle joie de se laver dans des toilettes publiques au milieu de nulle part. L’endroit est désert. Le campement n’ouvre que de 11 h à 14 h. Le ranger vient probablement de la ville la plus proche à 100 km de là...
175 km, tout le monde est HS. Cette étape a marqué les organismes et pourtant, demain, la même étape (avec 1500 m de dénivelé) se profile. Nos réserves seront justes vu la vitesse à laquelle nous engloutissons nos boites de fayots ce soir-là. Repas très bref.
L’eau chaude est un calvaire à boire, nous sommes écoeurés. Pourtant c’est vital : il faut boire !!!!
Fiévreux, nous nous couchons vers 21 h après un des plus beaux couchés de soleil que j’ai jamais vu de ma vie. La chaleur est accablante dans la tente, nous suons autant que sur les vélos ; 35°C peut-être. Je tente une sortie avec mon matelas à l’extérieur pour une nuit à la belle étoile. Enfin une très légère brise se lève. Je vais enfin me reposer... bzzzz... bzzzzzzz. Des moustiques !!! C’est l’invasion. Que choisir ? La tente et ses 35°C ou les moustiques et la légère brise. Après m’être fait pomper 1 litre de sang, boursouflé, je choisis finalement la tente.
Ma nuit est un cauchemar. Pourtant, les autres dorment... enfin c'est ce que je crois. Et dire que demain une étape énorme s’annonce.







Torrey/Moab - Journée de repos



Lever 5 h, François comme à son habitude n’a pas dormi et veut partir. La journée de repos commence fort !!!
Après avoir réveillé tout le monde, il est déjà au volant de la voiture. Finalement, seul le travail et la vie parisienne peuvent lui faire retrouver le sommeil…
En voiture, malgré l’entassement à l’arrière (mini Jeep Kia), ça roupille sec.
Nous arrivons à Moab après 3 h de route. Après un bref passage à l’hôtel de Chris, nous partons au magasin de vélo chercher une roue.
Puis, voici le moment de faire un peu de tourisme. Nous serons, au final, un peu déçus par la ville, en travaux, et assez petite comparée à sa réputation.
Chris nous amène au Arches Park où nous découvrons un paysage incroyable. Roches rouges, torturées, des doigts de roche pointés vers le ciel, des ponts naturels tiennent en équilibre par je ne sais quel miracle géologique, nous pouvons aussi admirer toutes les couches de roches usées par des années d’érosion. Nous traversons le parc en voiture puis nous démarrons une petite marche.
La chaleur est accablante. Le chemin aboutit sur l’arche la plus spectaculaire du parc. C’est de nouveau la mitraillade de photos.
Il est 12 h, l’heure de rejoindre Moab pour le repas. Après un bon casse-croûte dans une brasserie locale et quelques pitchers de bières, nous décidons de rentrer au campement.
Le retour se passe sans histoires, je conduis, les autres dorment par intermittence. Nous sommes pressés de nous jeter dans la piscine.
18 h, l’heure du plouf.
21 h, dans les duvets, demain sera une très très grosse étape...