Etape 16 – Torrey/Hite (Lac Powel) – 175km




Debout 6 h, rangement du camp et p’tit-déj dans un resto typique avec nos 2 amis : oatmeal et pancakes.
Les 40 premiers kilomètres se passent dans le Parc national de Capitol Reef : une route panoramique au fond d’un canyon aux rochers rouge intense. Décidément, l’Utah, c’est le pays du rouge.
Nous longeons le lit de la rivière, à sec, bien sûr. Des falaises nous surplombent. 50 km, nous arrivons à Lunar Desert. C’est comme le Sahara. Des dunes de sable et des roches asséchées par le vent et le soleil. Nous observons, par moment, des tourbillons de sable, sortes de tornades miniatures, créées par la chaleur. C’est impressionnant !
Globalement, en ce début d’étape, nous descendons. Un léger faux plat montant de 15 km et nous arrivons à Hanksville. Mi-étape, c’est la pause déjeuner après 85 km.
Nous faisons le plein d’eau et repartons, vaillamment, en direction du Lake Powell.
Le début est un faux plat montant avec vent de face. Les Grégarios (François et Benat) se mettent au travail et emmènent gentiment le peloton dans le désert. Des pickups tirant des bateaux immenses nous doublent ; ils se dirigent tous vers le Lake Powell et nous rêvons déjà de la baignade de l’année. D'ailleurs, la carte annonce un campground sur sa rive, sûrement avec un robinet d’eau fraîche...
130 km, nous descendons vers le lac en empruntant une route au fond d’un canyon. Vue splendide et défilé de roches rouges, les appareils photo crépitent.
18 h, le lac est en vue. Regard vers le compteur : 160 km ! La fatigue fait son œuvre, les gourdes sont quasi vides aussi. Nous avons vraiment hâte d’arriver au campground.
Là, grosse... mais très grosse désillusion : le campground n’a de campground que le nom. L’emplacement n’est qu’un terrain aride, sans eau, et notre plage de rêve n’est qu’un terrain boueux rempli de vase. Il faut dire que nous sommes à l’extrême nord du lac, à l’embouchure du canyon...
Bon, nous en avons vu d’autres, mais la situation est préoccupante : les gorges sont sèches et les langues collées au palais, on a roulé 7 heures…
La carte annonce un campement de rangers nommé Hite (sorte de Visitor Center) sur l’autre rive du lac. Il y a bien 10 bornes dont 7 de montée pour y accéder. Mais c’est un coup de poker à tenter si on veut trouver de l’eau.
Détail important : l’étape du lendemain prévoit de nouveau 100 km sans ravitaillement. Comment faire alors pour tenir jusqu’au lendemain soir sans cette eau si précieuse ???
La dernière côte de 7 km est épique. Nous les effectuons en zigzagant sur la route. Au ralenti, nous prions tous dans nos têtes pour que l’eau soit au rendez-vous. Une réflexion de Benat nous fait sourir : « C’est dans des moments pareils que nous ouvrons la boite à souvenirs. »
C’est vrai... nous souffrons et ne sommes pas sûrs de notre futur à ce moment.
Hite : nous trouvons des toilettes dans la cahute avec un robinet : Victoire.
Nous nous abreuvons comme des chameaux. Nous nous y lavons aussi. Quelle joie de se laver dans des toilettes publiques au milieu de nulle part. L’endroit est désert. Le campement n’ouvre que de 11 h à 14 h. Le ranger vient probablement de la ville la plus proche à 100 km de là...
175 km, tout le monde est HS. Cette étape a marqué les organismes et pourtant, demain, la même étape (avec 1500 m de dénivelé) se profile. Nos réserves seront justes vu la vitesse à laquelle nous engloutissons nos boites de fayots ce soir-là. Repas très bref.
L’eau chaude est un calvaire à boire, nous sommes écoeurés. Pourtant c’est vital : il faut boire !!!!
Fiévreux, nous nous couchons vers 21 h après un des plus beaux couchés de soleil que j’ai jamais vu de ma vie. La chaleur est accablante dans la tente, nous suons autant que sur les vélos ; 35°C peut-être. Je tente une sortie avec mon matelas à l’extérieur pour une nuit à la belle étoile. Enfin une très légère brise se lève. Je vais enfin me reposer... bzzzz... bzzzzzzz. Des moustiques !!! C’est l’invasion. Que choisir ? La tente et ses 35°C ou les moustiques et la légère brise. Après m’être fait pomper 1 litre de sang, boursouflé, je choisis finalement la tente.
Ma nuit est un cauchemar. Pourtant, les autres dorment... enfin c'est ce que je crois. Et dire que demain une étape énorme s’annonce.