Etape 8 - Austin/Eureka - 107km

Réveil à 5 h. Nous suivons le rituel quotidien de tout randonneur :
- rangement du camp ;
- petit-déj.
Le prochain ravitaillement en eau et bouffe est encore une fois à 100 km. On s'habitue, ça sera comme ça durant toute la traversée du désert du Nevada.
L'étape commence par une descente qui nous amène sur la fameuse ligne droite qui constitue les 3/4 de notre étape.
Encore une fois le décor et la lumière sont grandioses jusqu'a 8/9 h.
Nous sommes à présent sur la ligne droite, c'est interminable. On ne voit pas le bout. Peut-être dans 3-4 h ?
L'allure se fait maintenant spontanément et les relais s'organisent. On roule à 20-25 km/h. Pas trop de vent, on en profite, je suis un peu à la traine à cause d'un genou haché, mais je m'accroche.
10 h, la ligne droite semble infinie et toujours les faux lacs au loin qui nous narguent en disparaissant dès qu'on s'approche.
Soudain, nous sommes interpellés par une ombre rouge sur la route. Cela s'étale sur des kilomètres... qu'est-ce que c'est ? Premiers cracs sous la roue, c'est une invasion de criquets. Il y en a des milliards, à perte de vue, on essaie au début de les éviter, mais cela devient impossible, crac, crac, plop, ça explose telles des céréales Miel Pops® sous nos roues. La chair, le corps, les pattes, les têtes de criquets giclent dans tous les sens... et ça dure... peut-être 20 km.
Soudain, un camion surgit en face de nous, avec la vitesse, il les pulvérise littéralement et nous envoie les restes au travers du visage. Quelle horreur, mais on se marre. Les cadavres de criquets sur la route au soleil laissent une odeur de vieille crevette, c'est insoutenable.
Sur cette route, nous croisons deux cyclistes qui traversent les US en sens inverse. Partis depuis 6 semaines, ils ont la peau cramée. Peu bavards, ils nous demandent où s'arrête cette invasion de criquets. Pas de bol, il leur reste bien 1 h avant de rouler sur du goudron et non pas sur les insectes...
13 h, après cette étape au final pas très intéressante à cause des sauterelles et de la fameuse ligne droite de 38 miles (75 bornes) digne des Mad Max, nous arrivons à Eureka. C'est enfin un village sympa qui nous attend. On se croit dans un sestern de Sergio Leone avec les saloons et le sheriff qui circule dans l'unique rue déserte.
Camping top pour 5 dollars par tête sur une pelouse dans un petit camping (chez une habitante). Nous siestons et faisons quelques lessives l'après-midi. Un tout petit serpent (mais mortel) vient se balader près des tentes. Nous le chassons comme de vrais cow-boys.
21 h, on s'endort. Ce n'est pas encore ce soir que nous verrons les étoiles...