Etape 18 – Blanding/Dolores – 140km, 700m de denivelés +



Départ du camping à 7 h. Breton est de nouveau à plat. Nous l’attendons devant nos pancakes. 2e fois qu’il crève, ça va lui couter cher en margaritas.
Le début de l’étape est une côte, Benat entend ses cuisses gémir, la journée va être longue. Nous payons nos 2 étapes précédentes.
Après 20 km, fini de la côte : début de la descente, François crève sur un tesson de bouteille. Décidément, il partagera la tournée de cocktails avec Breton !
11 h, Monticello, c’est l’heure de faire les courses (jambon, tortillas, tomates et fruits). Plus de beans en boîte, nous sommes écoeurés.
Nous repartons, la suite de l’étape est un long faux plat descendant qui nous mènera dans l’État du Colorado. Enfin !!
100 mètres après Monticello, nouvelle crevaison de François !! Après vérification, lors de sa première réparation, il avait oublié son démonte-pneu dans la jante. Ha ha !! Quelle honte, nous mettrons ça sur le compte de la fatigue…
Nous poursuivons la route, bruyante et peu intéressante (pour une fois), jusqu’au Colorado.
12 h, pause déjeuner à Cove Creek. Pique-nique dans un jardin public où j’en profite pour vivre avec mon père, par téléphone, les 5 dernières minutes du quart de final France/Brésil. C’est de la folie, il me transmet tout le stress des dernières minutes et avec mes cris de joie et mes yeux larmoyants, je passe pour un fou devant cette cabine téléphonique de station-service. Mais bon, ils ne comprennent rien au foot ici. D’ailleurs, la plupart ne connaissent même pas la coupe du monde…
Après une légère sieste, c’est le départ. Nouvel orage au loin. De nouveau, dopé par l’adrénaline à la vue des éclairs, je m’emballe et attaque les 50 derniers kilomètres à plus de 45 km/h. Après 2-3 km, je possède déjà 5 minutes d’avance sur les autres mais je continue le nez dans le guidon à donner un rythme infernal pour échapper à l’orage. Wandsel me rejoint et nous terminons à 2 à Lewis (km 120), petit village paumé de bord de route.
Nous entrons dans un café juste avant le déluge. Là, nous attendons 10 minutes le reste du peloton devant 1 litre de Coca. Quelle frayeur encore !!!
Ce village nous convient guère et nous décidons de pousser encore un peu vers Dolores, située sur les hauteurs et surtout à l’écart de cette grosse nationale peu intéressante.
C’est de nouveau un faux plat montant/côte de 20 km qui nous attend. Les visages se crispent et les muscles sont douloureux mais nous sommes devenus « inarrêtables » !!! Les efforts fournis lors de ma frayeur sous l’orage me font exploser dans les derniers kilomètres. Heureusement, Benat me sort une potion magique. Nous terminons ensemble à Dolores, petite ville de montagne, sympa. Sur un terrain herbeux (devant les propriétaires d’un camping), nous plantons la tente et partons découvrir la ville...












… nous visitons Dolores. Au détour d’un carrefour se présente une brewery ; petit pub local fabriquant ses propres bières, tenu par de sympathiques Américaines aux tendances baba cool.
À peine installés à table, les pitchers de bière locale (pichets de 2,5 litres) s’enchainent. Nous ne voulons pas abuser car le lendemain c’est notre dernière étape pour Durango. Or, nous sommes bien décidés à être en forme pour la soirée finale. Pourtant...
Arrive le 5e pitcher, nous sommes chauds, nous enchainons les photos groupées. La serveuse ravie de voir de si bons vivants est impressionnée. « Je n’ai jamais vu des gens boire autant sans être soûls » nous dit-elle dans sa langue natale. Elle n’a encore rien vu la pauvre... Elle nous offre le 6e pitcher.
Là, nous découvrons enfin qu’une porte dérobée mène dans une cour où se déroule un concert. Il y a plein de monde. Pris dans l’ambiance, nous accélérons. Les pizzas et les bières s’enchainent maintenant à toute allure.
Orage : le groupe et ses nombreux clients se retrouvent tous à l’intérieur dans la petite salle. Ambiance pub irlandais maintenant. Il ne nous en faut pas plus... tout s’accélère.
Très peu de souvenirs à partir de ce moment. Mais voici nos derniers flashs :
- on se souvient d’avoir été les 5 stars françaises de la soirée car nos récits impressionnent par l'aspect sportif et pourtant nous buvons plus, dansons plus, et tenons plus l’alcool que les autres clients ;
- je me souviens d’avoir été sur scène en train de jouer de la country, guitare à la main devant une salle déchainée au possible. Les autres membres du groupe essayant de suivre tant bien que mal. Wandsel, Breton et François dansant comme des bêtes ;
- je me souviens qu’en sortant dehors pour vidanger mes litres de bières (hors des toilettes tel un bon Français), j'ai surpris Benat en train d’emballer (et même plus) Kate, une magnifique Américaine. Il a fait vite le bougre !! Va-t-il terminer l’étape ailleurs que dans sa tente ?
- on se souvient de François, accoudé au bar, parlant tellement bien l’anglais (pour 1 fois) avec les patronnes qu’il a reussi à négocier les clés du bar : « Les gars, c'est bon, on reste dans le pub à finir les fûts après la fermeture si on veut » ;
- on se souvient de Wandsel vidant le 10e et dernier pitcher directement dans sa bouche sans passer par le verre. « Un verre ? pour quoi faire ! » ;
- on se souvient de Breton qui a dit : « Les gars, ce soir, on ferme le bar. » Il était déchainé en train de danser de la new wave sur de la musique country, parlant en anglais avec tout le monde…y compris nous !
- je me souviens m’être fait une entorse à la cheville en sautant une barrière. Pourquoi ??? je ne sais toujours pas...
Bref, nous sommes rentrés aux tentes sans trop savoir comment, à 1 h du matin. Benat s’est perdu, François est allé le chercher. Il remontait le col direction Blanding...
Dans les duvets, des cadavres, tués par nos 25 litres de bières absorbés en 5 h. Dire que 2 jours auparavant, nous étions assoiffés...


Etape 18BIS – Soirée de Dolores - 2km – 25 litres de bières…….