17 juin 2006

Etape 4 - Quelque part avant Carson Pass/Carson City - 119km

Réveil sous la tente, il fait 9°C à l'intérieur. Nous déjeunons les restes de jambon et salami puis nous partons sous le soleil pour affronter la fin du col. Après 1 mile, nous voici enfin face à la neige. Pendant 1/2 heure, nous allons alterner entre franchissement des névés à pied en poussant les vélos et parties roulantes. Après 1 h 30, nous arrivons au Kay's Lake, magnifique, paradis pour les pêcheurs (n'est-ce pas Michel U.?). Ce lac est encaissé entre les cimes enneigées, les cascades et les sapins. Le décor est splendide.
Énième pause casse-croûte/Vaseline.
La patronne de l'épicerie donne l'impression d'avoir connu les guerres indiennes. Deux tuyaux d'oxygène dans le nez (altitude), elle doit avoir 120 ans...
Nous laissons le lac et ses pêcheurs pour en finir une bonne fois pour toutes avec ce Carson Pass (et oui encore lui).
À 13 h, nous passons enfin le col à 2600 mètres. Il fait froid malgré le soleil.
S'ensuit 30 km de descente….que ça fait du bien !
Nous passons à côté de coins magnifiques pour camper, mais il n'est que 14 h...
Alors que nous découvrons les premiers décors du Nevada (frontière que nous franchissons au km 90), nous arrivons enfin à Carson City, ville de 50 000 habitants, typiquement américaine, horrible, sans centre, bordée de casinos.
Il fait chaud et le camping n'est conçu que pour les « bus camping-cars ».
Nous terminons dans un motel et après un énorme repas dans un buffet « All you can eat », seule consolation dans cette ville, nous nous couchons à 22 h.





Etape 3 - Placerville/Quelquepart dans la foret - 66 km

Tout commence par un énorme breakfast dans un resto typiquement américain : oeufs, bacon, oatmeal, pancake, etc.
Le ventre plein, nous partons. Après 4 km de côte, nous nous interrogeons... la route ne ressemble pas à ce qu'il y a sur la carte. Nous avons dû louper la bifurcation. Demi-tour vers Placerville où nous trouvons enfin la Carson Road, direction Carson Pass. Malgré ce contretemps, nous sommes toujours motivés pour notre fameuse journée de montagne !
11 h 30, nous avons parcouru seulement 20 km... ça monte en continu depuis le depart... Ça use et discrètement nous nous disons tous dans nos têtes : « Putain, c'est pas possible, ce que cette journée va être longue et dure. »
Soudain, un gars du coin s'arrête avec son pickup, il propose de nous loger, nous nourrir, de prendre une douche, nous payer à boire. C'est bien sympa mais il n'est que midi, c'est fou ce qu'ils sont accueillants les gens ici !! Mais bon, personnellement je pense qu'il voulait prendre la douche avec nous...
12 h 30, après 4 km de descente (enfin), nous parvenons à notre « lac déjeuner ». Au milieu des forêts de conifères, le paysage est magnifique. Là, je me dirige vers le bureau des rangers pour me renseigner sur le fonctionnement des campings. Une toute autre surprise nous attend !!! Une grosse ranger blonde nous signale que la route pour le col est encore enneigée sur toute la portion finale et qu'aucun véhicule ne peut passer. Conditions d'enneigement exceptionnelles cette année... nous sommes en juin...
Paff !!!! Voilà que commencent les emmerdes...
Nous avons tous le moral à 0 car en survolant la carte, nous nous rendons compte que le détour pour éviter Carson Pass serait de 170 km... avec en bouquet, des portions d'autoroutes, bien évidemment interdites aux vélos.
Que faire ? La réponse est unanime : MANGER ! Nous nous ruons vers l'épicerie en nous persuadant que la solution apparaitra lorsque nos ventres seront pleins...
Rassasiés, nous décidons de retourner voir la grosse ranger blonde... En la titillant, nous arrivons à la faire lever de son siège afin qu'elle nous aide. Elle décide alors d'appeler son père qui est ranger lui aussi (sûrement un gros ranger blond) et qui opère de l'autre côté du col. Apparemment, la neige ne bloque la route que sur 1 mile, derrière, c'est dégagé.
Il n'en fallait pas plus ! On decide de tenter le passage !
Remotivés, on se « re-rue » vers l'épicerie pour choper des forces : la route est longue jusqu'au col (qu'on atteindra probablement pas ce soir).
Nous repartons, il est 14 h. Dans nos sacoches, de l'eau à ras bord et des vivres pour le soir. Nous sommes décidés à en découdre une fois pour toutes avec ce Carson Pass.
Ça monte, 1 km, 2 km, 18 km, 30 km... nous sommes MORTS !
En France, le plus long col fait 25 km, celui-ci compte en totalité 55 km...
Heureusement que la route est déserte et passe au milieu de forêts de séquoias, car sans ce paysage qui rappelle les Alpes, cette montée serait un calvaire. Après de nombreuses pauses de plus en plus rapprochées, espacées seulement de 1/4 d'heure parfois (le temps de digestion des barres énergétiques), nous abandonnons à bout de force.
Il est 18 heures, nous sommes à 2 km de la neige et 15 km du campground situé lui derrière le col...
Las de cette montée façon montagne russe, qui ne nous autorise jamais à en voir la fin... c'est fini pour aujourd'hui.
Tentes montées, complètement cassés, nous nous motivons tout de même pour aller nous laver dans le torrent qui coule à côté, avec son eau à 5° C. À 2000 m d'altitude, il fait déjà frais, le ciel couvert nous prive de notre seul chauffage : le soleil. Alors, je ne vous parle même pas de l'eau glaciale.
Après un bref repas, assis sur la route, où tout ce qui passe sous la main se mélange dans notre bouche : sirop d'érable, cacahuètes, jambon, saumon en boite, cacahuètes, chocolat, jambon, saumon en boite...on se couche, il est... 19 h ! J'écris pour trouver le sommeil en pensant à ma vie parisienne, dehors les oiseaux chantent, la rivière coule... Bonne nuit.





Etape 2 - Davis/Placerville - 125 km


Même distance qu'hier, mais pure coïncidence car physiquement, cela n'a rien à voir... pour résumer, nous terminons l'étape à 700 mètres d'altitude...
Début de journée chiante : 17 km de piste cyclable le long de l'autoroute, a jeun !
Breakfast dans le oldtown de Sacramento, conservé tel qu'il était il y a un siècle (regardez des westerns et vous comprendrez). La suite est étonnante, alors que nous étions préparés à traverser la capitale de la Californie (Sacramento) au milieu des buildings, nous avons l'agréable surprise de trouver une piste cyclable (et uniquement cyclable) qui nous amène à l'est de la ville en longeant le fleuve... Mais attention : rien à voir avec un chemin de halage !!! Celle-ci traverse la ville en pleine nature, si bien que nous parcourons 50 km sans voir une seule habitation. Rien que des elks et une multitude d'écureuils gris.
Déjeuner à Fallon (Californie) après 75 km parcourus.
Là, commence la 2e partie moins agréable : de Fallon (Californie) à Placerville, nous empruntons une sorte de nationale. D'énormes pickups nous doublent avec le bruit de leurs assourdissants moteurs de 300 chevaux. Ça monte de plus en plus, le paysage devient plus alpin. On sent la Sierra Nevada approcher et l'ombre du fameux Carson Pass (fameux col à 2800 mètres d'altitude qui nous permettra de franchir la chaine montagneuse) qui se profile.
18 h, nous voilà enfin à Placerville, petite ville, tout en longueur, aux allures du vieil ouest. Le patriotisme américain se fait de plus en plus présent (beaucoup de drapeaux et slogans « support our troups » sur les voitures). Nous entrons dans le coeur de l'Amérique... Pourtant la gentillesse des personnes rencontrées nous fait vite oublier cette Amérique profonde et repliée sur elle-même. À chaque fois, quel accueil !! Ça nous change et fait du bien...
Anecdote sympathique : au détour d'un virage, sur une nationale fréquentée par d'énormes pickups vrombissants, alors que nous venions juste de rentrer sur les terres de Sleepy Hollow, un petit producteur de fruits (d'au moins 130 kg) nous fait nous arrêter pour une dégustation de pastèques (d'au moins 6 kg) et de cerises rouge sang. Quatre dollars la pastèque, on craque !! Le gros monsieur veut nous couper des tranches, nous offrir tout ce qu'il a mais nous sommes juste intéressés par sa pastèque mammouth !! Après 3 kg gobés en moins de 10 secondes, nous décidons de laisser la moitié du melon trop gros, mais si bon, au bonhomme surpris mais souriant ! Il veut nous faire des doggy bag, mais déjà qu'on a du mal à tirer nos affaires...

Pas de campground à Placerville, nous nous rabattons sur un motel, où avec nos cuissards moulants, les muscles apparents et la sueur, je demande une chambre pour 5 mecs. Le patron surpris me dit « 2 rooms ? » Je dis « No, just 1 room for 5 guys » Croyant avoir affaire aux « Village People », il se résigne à nous louer la chambre avec un regard interrogateur. Je ne sais pas ce qu'il a pu dire à ses potes par la suite... Bref, après un repas dans un resto mexicain, nous nous couchons usés par cette 2e journée, et ce n'est rien...